HISTOIRE DES GLANDES SURRENALES

Les glandes surrénales son connues depuis très longtemps car elles furent découvertes en 1543 par Bartolomeo Eustachi, mais leur rôle n’apparût qu’en 1855 lorsque Thomas Addison décrivit la maladie bronzée sous la forme d’une insuffisance des glandes surrénales qui est connue sous le nom de maladie d’Addison. Et ce n’est qu’au XXè siècle que l’on commença à comprendre leur fonction et leur rôle dans le corps humain.

Le Professeur Hans Selye, médecin autrichien qui avait par la suite travaillé au Canada, remarquait lorsqu’il était étudiant que ses patients avaient souvent un « air malade ». Ils avaient souvent une langue épaisse avec des douleurs musculaires et intestinales. Le Professeur Selye s’est dit qu’il devait y avoir un processus bien particulier associé à chaque maladie qui donne cet « air malade » et qu’il s’agissait de la réponse que donne le corps à toute demande qui lui est faite. Par exemple, quand on est exposé au froid, on se met à frissonner ou si on a chaud, on se met à transpirer.

Le Professeur Selye se mit à faire des expériences sur des rats en leur injectant différentes substances ou différents organes et à les soumettre à différentes conditions comme des changements de température. Il remarqua à chaque fois que cela provoquait un élargissement des glandes surrénales, des ulcères d’estomac et une atrophie du thymus.

Il découvrit que le corps générait une réponse non spécifique à la maladie ou aux attaques extérieures, et il décrivit la réponse du corps à différentes maladies sous le nom de « réponse de stress ». 

En 1936, le Professeur Selye publia un article sur la réponse de stress dans la revue scientifique Nature. Il alla même plus loin, et remarquait que lorsque les rats subissaient un stress, ils présentaient une atrophie du thymus. Pour découvrir l’origine de cette atrophie du thymus, il décida d’enlever différentes glandes du corps de l’animal en même temps qu’il leur faisait subir un stress. Il observa que lorsque l’animal avait subi l’ablation des glandes surrénales, l’atrophie du thymus cessait de se produire. Clairement, il existait dans la glande surrénale une substance qui induisait la réponse de stress.

Pour faire de la recherche, il fallait donc s’approvisionner en hormones surrénaliennes. Les chercheurs travaillaient donc sur les glandes surrénales de bœufs que l’on trouvait en grande quantité dans les fermes et les abattoirs. Les chercheurs remarquèrent qu’en injectant un extrait de cortex des glandes surrénales de bœuf, on pouvait maintenir en vie des patients souffrant de la maladie d’Addison (insuffisance surrénalienne), cette maladie où l’on observait une atrophie des glandes surrénaliennes. Le problème est que pour extraire de larges quantités de substances qui seraient efficaces chez les patients souffrant de la maladie d’Addison, il fallait un nombre démesuré de glandes surrénaliennes de bœuf. Il fallait donc trouver le moyen d’extraire et identifier l’hormone produite dans le cortex surrénalien.

Ce travail fut effectué par Edward Kendall chimiste américain qui au cours des années 1930 à 1940 isola 4 hormones du cortex de la glande surrénale qu’il nomma simplement substances A, B, E et F. Plus tard, les chercheurs, dont le chimiste suisse Tadeusz Reichstein, qui a partagé avec le Dr Kendall le Prix Nobel de médecine en 1950, découvrirent que la substance E, appelée aujourd’hui, Cortisol était la substance active dans la réponse de stress produite par le cortex surrénalien.

Lors de la 2ème guerre mondiale, on dit que l’Allemagne achetait de larges quantités de glandes surrénaliennes en Amérique du Sud pour en faire des extraits à administrer aux soldats. On prétendait que les extraits de glandes surrénaliennes de bœuf étaient utilisés pour contrecarrer l’hypoxie des pilotes allemands et qu’ils pouvaient voler à de plus hautes altitudes et que ces extraits de glandes surrénaliennes de bœufs étaient utiles pour prévenir le choc septique des soldats blessés.

En 1948, à la Mayo Clinic, le Dr Hench observa que les patients souffrant d’arthrite rhumatoïde connaissaient parfois une rémission lorsqu’ils attrapaient la jaunisse. Le Dr Hench s’est dit qu’une substance devait être produite lorsqu’apparaissait une jaunisse responsable de cette rémission. Le Dr Hench en discuta avec son collègue le Dr Kendall qui venait de découvrir cette substance E dans les surrénales et ils décidèrent d’étudier si cette substance E pouvait avoir des effets bénéfiques sur l’arthrite rhumatoïde. Ils injectèrent cette substance E à une patiente atteinte d’arthrite rhumatoïde et dans un très court laps de temps les symptômes disparurent. Ils voyaient également qu’il ne fallait pas arrêter d’administrer la substance E sinon les symptômes réapparaissaient.

Les Dr Hench et Kendall venaient de découvrir les propriétés anti-inflammatoires de la substance E. A l’époque on appela cette substance la Wonder Drug. Le Dr Hench nomma la substance E produite naturellement le Cortisol et sa forme synthétique la Cortisone

Grâce à ces découvertes, le Dr Selye testa les effets du Cortisol sur ses rats et remarqua que c’était cette hormone qui était à l’origine de la réponse de stress qu’il observait. Il catégorisa donc le Cortisol et ses dérivés sous le nom de glucocorticoïdes.

Il avait donc compris pourquoi quand il entrait dans les chambres de patients quand il était étudiant en médecine, ses patients avaient tous cet « air malade », à cause de la réponse du corps humain et la sécrétion de Cortisol par les glandes surrénaliennes.

En résumé, si un patient a « un air malade », c’est qu’il a de bonnes surrénales.